Passer de 4 à 8 collaborateurs? Je doute encore chaque jour

Auteur: Partena Professional (HR-service provider)
Temps de lecture: 5min
Date de publication: 20/01/2020 - 10:21
Dernière mise à jour: 11/03/2020 - 16:33

Une entreprise unipersonnelle ou une petite PME recrute relativement vite un premier collaborateur. Mais ensuite? Deux PME dévoilent leurs projets de recrutement pour 2020, les incertitudes qu’ils suscitent et les enseignements qu’il est possible de tirer des difficultés provoquées par une croissance rapide. 

Dora Gasia s’est lancée comme spécialiste des médias sociaux en free-lance voici cinq ans. Les commandes affluant, elle a recruté son premier collaborateur en 2017. This Is Not An Agency (TINA) était née.

Aujourd’hui, elle emploie quatre personnes. Et Dora Gasia espère passer à huit collaborateurs en 2020. De quoi donner des ailes à TINA… et des nuits blanches à la gérante. 

Sommeil en fuite

“Les doutes financiers qui entourent la croissance prévue de notre personnel me réveillent littéralement la nuit”, confie Dora Gasia. “La décision de recruter mon premier collaborateur était une étape logique: il y avait trop de travail pour moi seule. Le bond de quatre à huit, c’est autre chose. Subitement, on joue dans la division supérieure. Et on le remarque immédiatement aux charges salariales.”

Ces charges ne se limitent pas au versement des salaires: jours de maladie et de vacances, congés familiaux, circonstances privées qui ont une influence sur le travail… “Tout cela n’est pas facile à estimer ou calculer à l’avance”, poursuit Dora Gasia.

17 secondes de peur intense

Afin que l’aventure ne tourne pas au désastre financier, TINA devra suivre le plan de croissance élaboré. Il faudra suffisamment de clients, de missions et de revenus chaque mois pour financer la croissance envisagée. Ce qui accroît considérablement la pression. 

“Chaque jour, je traverse trois ou quatre moments de peur intense qui durent environ 17 secondes”, avance Dora Gasia. “Il est arrivé que nous enregistrions une marge plus élevée avec deux collaborateurs qu’avec quatre. On en tire des leçons. En analysant soigneusement sa comptabilité et en rectifiant le modèle de coûts, il est possible d’y remédier. Je doute encore chaque jour de l’opportunité de passer à huit collaborateurs. Il serait peut-être préférable de se stabiliser.”

Le danger du statu quo

Se stabiliser n’est pas sans risque, cependant, Favorite!, spécialiste de la communication B2C, en a fait l’expérience. Longtemps “scotchée” à quatre collaborateurs, l’entreprise a vu son chiffre d’affaires baisser année après année sous l’effet de la complexification du marché. 

“Nous avons racheté cette entreprise déficitaire début 2019”, indique Kristof De Roeck, Managing Director d’All Colors of Communication, la nouvelle maison-mère de Favorite!. “Nous avons revu les activités opérationnelles et élaboré un scénario de croissance pour 2020. Nous aimerions passer de quatre à sept ou huit collaborateurs.”

Marge de temps

Recruter des collaborateurs pour couvrir le surcroît de travail est une stratégie. Analyser les marges qu’il reste dans les horaires de chaque collaborateur en est une autre. 

“Nous visons une semaine de travail de 38 heures”, chiffre Kristof De Roeck . “Dès que des collaborateurs consacrent plus de 75% de ce temps aux clients chaque semaine, c’est le signal que la charge de travail devient trop élevée. Dans ce cas, nous envisageons un recrutement.”

Dynamique de groupe

Pour les PME, recruter ne se limite pas à un arbitrage entre coûts et profits: l’impact sur la dynamique de groupe chez les collaborateurs actuels joue également un rôle. 

“Il est crucial de sélectionner les bons profils: ils doivent disposer des talents et de l’expertise adéquats, mais aussi s’entendre avec les collègues”, prévient Dora Gasia. “Sans quoi l’atmosphère générale et la qualité du travail – et avec elles toute l’entreprise – en souffriront. J’ai appris qu’il ne fallait pas surtout cacher de tels problèmes sous le tapis.”

Éviter tout mismatch

“À mes yeux, il est important d’impliquer les collaborateurs existants dans le processus de recrutement des nouveaux”, embraie Kristof De Roeck. “Cela offre à chacun la possibilité d’expliquer pourquoi il pense que la personne X ou Y convient ou non à l’équipe.”

     

Il n’est jamais possible d’évaluer parfaitement le risque d’un mismatch. “On apprend avec le temps”, poursuit Dora Gasia. “J’ai de l’expertise en marketing mais je n’ai aucune formation en ressources humaines et en leadership. J’apprends et je découvre au fur et à mesure.”

Moins de pression

Plus l’entreprise grandit, plus la structure gagne en importance. “Travailler avec quatre personnes signifie littéralement se lever et dire que demain, on prend un jour de congé”, illustre Kristof De Roeck. “Une équipe plus nombreuse exige des règles, des dispositions et une communication claires. C’est un défi supplémentaire pour une PME.”

Quand on est à la tête d’une entreprise en croissance, il ne faut pas avoir peur de céder une partie de la gestion en cas de besoin. “Notre prochain collaborateur aura un profil stratégique et participera au suivi de la gestion du personnel et de la direction quotidienne”, conclut Dora Gasia. “Cela allégera la pression sur mes épaules.”

 

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