Les salariés absents ne mettent pas encore en péril l'activité essentielle

Auteur: L'Echo (27/03/2020)
Temps de lecture: 5min
Date de publication: 28/03/2020 - 15:30
Dernière mise à jour: 29/05/2020 - 09:49

Le taux d'absentéisme dans les entreprises et auprès des prestataires de services se fait sentir. Mais pour l'heure, chacun s'adapte via une organisation différente, une offre réduite ou grâce à la mobilisation.

 

En cette crise sanitaire, le gouvernement a établi la liste des métiers et entreprises essentiels qui, quelles que soient les mesures, sont autorisés, voire même priés, à poursuivre leurs activités. Mais ces métiers et ces entreprises sont faits d'hommes et de femmes qui ne sont pas infaillibles.

"20% des entreprises actives dans des secteurs essentiels, soit une sur cinq, affirment qu'une des raisons principales du recul de leur chiffre d'affaires est le manque de personnel", explique Olivier de Wasseige, administrateur délégué de l'Union wallonne des entreprises.

Auprès de certaines entreprises, le taux d'absentéisme monte jusqu'à 25%. "Cela pourrait devenir problématique dans certains secteurs, car le manque de personnel pourrait perturber les shifts et les gardes et avoir des répercussions importantes sur une production appelée à tourner 24/24h."

Face à cet absentéisme, le recours à l'intérim reste une solution. Chez Federgon, on note par ailleurs un nombre croissant de travailleurs intérimaires notamment dû aux mesures de chômage temporaire qui poussent certains à trouver d'autres revenus, tout en restant disponible du jour au lendemain pour son employeur.

Quant aux secteurs les plus demandeurs, ils portent sur le médical et paramédical, mais aussi la production alimentaire, le transport, la logistique et la grande distribution.    

Le manque de personnel se fait par exemple déjà sentir dans l'industrie alimentaire, mais le secteur des services souffre aussi.

Au sein de Bruxelles Propreté, le manque de personnel a déjà forcé une réorganisation de la collecte. Pour l'instant, le papier et les PMC ne sont pas récoltés. Les équipes sont aussi revues. L'avantage, c'est qu'au moment de l'embauche, aucune fonction n'est précisée. Du personnel de nettoyage des rues peut donc collecter les déchets. Des intérimaires sont également appelés en renfort pour conduire les camions. Enfin, il a été demandé au personnel de ne pas prendre de jours de congé.

Bpost n'échappe pas à règle avec un personnel davantage absent qu'en temps normal, même si on affirme aussi que cela n'empêche pas un service normal.   

Et qu'en est-il dans les transports publics? La SNCB compte un taux d'absentéisme de 17%. Certes l'entreprise a revu son offre à la baisse alors que le taux d'occupation des trains est passé en une semaine de 10-12% à 5%. Le gestionnaire des réseaux Infrabel, s'attelle aussi à poursuivre son activité. C'est ainsi qu'il a constitué une réserve de personnel pour faire face à un taux d'absence qui ne cesse d'augmenter. 

A la Stib, plus de 28% du personnel est absent. Un chiffre qui grimpe à 34,5% pour les conducteurs et 36% pour les techniciens. Pour l'heure, compte tenu de l'offre réduite, la Stib peut faire face à cet absentéisme. Néanmoins, la société a dû renforcer ses équipes de nettoyage des véhicules (désormais effectué 3 fois par jour): 80 personnes supplémentaires ont ainsi été affectées en plus de la centaine d'aspirants conducteurs dont les cours ont été suspendus.   

Au Tec, le taux d'absentéisme est tel (plus de 30%) que la société a dû aussi adapter son offre en instaurant l'horaire de vacances. 

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Dans le secteur de la grande distribution, le taux d'absence se fait particulièrement sentir. Les syndicats le chiffrent jusqu'à 40% dans certains magasins. Il y a certes les maladies (coronavirus ou autre), mais aussi l'épuisement, la peur et la problématique des gardes d'enfants. Très vite la grande distribution a fait appel aux travailleurs intérimaires. De nombreux étudiants ont aussi grossi les rangs. 

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Enfin, il y a le personnel soignant. Au sein du réseau des hôpitaux bruxellois Iris, on salue avant tout la mobilisation du personnel. "On voit souvent des docteurs donner un coup de main au service de désinfection."

Quant à l'absentéisme, Étienne Wéry, administrateur délégué, parle d'un taux anecdotique qui va de 15 à 30% selon les hôpitaux. Si des bénévoles et du personnel fraîchement pensionné ont été sollicités pour constituer une réserve mobilisable, personne n'a à cette heure été appelé. Il en va de même pour les étudiants proposés par les universités. "Nous avons certes fait appel à quelques étudiants pour le tri des patients non urgents à Bordet. D'autres pourraient être appelés pour travailler dans certaines salles, mais ce n'est pas encore le cas."

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