“La demande pour nos vélos a augmenté de 300% depuis la crise sanitaire”

Auteur: Partena Professional (HR Service Provider)
Temps de lecture: 4min
Date de publication: 05/10/2021 - 11:36
Dernière mise à jour: 23/12/2021 - 13:03

Quand les magasins ont rouvert leurs portes après le confinement, c’était comme si tout le monde voulait acheter un nouveau vélo. “Personne au sein du secteur n’était préparé à un phénomène de cette ampleur”, se souvient Johan Huygens, CEO de Granville.

Mars 2020. Le premier confinement paralyse le pays. Parmi les commerces contraints de fermer leurs portes, on trouve les magasins de cycles. “C’était un drame qui s’accompagnait d’énormes incertitudes”, évoque Johan Huygens, CEO de Granville (vélos produits en Belgique par l’entreprise Ludo) et distributeur pour le Benelux des vélos de la marque américano-suisse Scott et de la marque allemande Bergamont.

Le chef d’entreprise lance immédiatement la plateforme en ligne www.bikestoresunited.be, sur laquelle des clients peuvent acheter leur vélo en ligne et indiquer le magasin de cycles où ils désirent le faire entretenir. Les commerçants reçoivent un pourcentage sur la vente et l’acquéreur sait où se rendre pour les réparations éventuelles. “C’était néanmoins un emplâtre sur une jambe de bois”, reconnaît Johan Huygens. “Nous avons pu compenser une partie du manque à gagner, mais en soi, c’était très insuffisant.”

Explosion des ventes

Quand les commerces peuvent enfin rouvrir leurs portes, le secteur du vélo enregistre immédiatement de très bonnes ventes. Et la croissance s’accélère. À croire que tout le monde veut subitement acheter un vélo… Conséquence? Les magasins écoulent leurs stocks en quelques semaines.

“C’était la folie”, sourit Johan Huygens. Avant la crise sanitaire, son entreprise réalisait un chiffre d’affaires annuel de 63 millions d’euros et vendait 54.000 vélos par an en moyenne. L’an dernier, elle en a vendu plus de 65.000. Pourtant, la demande était plus élevée encore. “Nous aurions pu vendre 130.000 à 150.000 vélos sans problème. La demande pour nos marques a augmenté de 200 à 300%. Personne au sein du secteur n’était préparé à un phénomène de cette ampleur.”

La crise sanitaire a également perturbé la chaîne de transport et surtout de production. La croissance ahurissante de la demande a ainsi créé une pénurie qui perdure aujourd’hui au niveau des pièces et des éléments de vélo. “Il ne s’agit pas tant des cadres que de pièces comme les freins, les commandes de vitesses et les cassettes, qui n’arrivent qu’au compte-gouttes. Les délais de livraison dépassent parfois deux ans.”

Selon Johan Huygens, cette pénurie est en grande partie le fait de deux grandes marques qui dominent le marché mondial. Elles fabriquent surtout en Asie, où les usines sont régulièrement mises à l’arrêt en raison de l’apparition de foyers de contamination qui s’expliquent eux-mêmes par la faiblesse du taux de vaccination.

Croissance

Certaines marques de vélo ne pourront livrer les vélos commandés qu’en 2022 ou plus tard; d’autres n’acceptent plus de nouvelle commande. “La pénurie constitue un frein à la croissance du secteur”, déplore Johan Huygens. “Si l’on construit peu à peu de nouvelles usines pour répondre à l’augmentation de la demande de pièces, elles n’entreront en service qu’en 2024.”

Sur le front de la pénurie, le CEO ne prévoit ainsi aucune amélioration avant 2025. “En 2019, nous avions au moins 4.000 vélos dans notre entrepôt. Aujourd’hui, j’ai moins de 50 exemplaires en stock.”

La demande pourrait-elle s’essouffler à court terme? Ceux qui ont acheté un vélo durant le confinement et l’utilisent beaucoup moins, voire l’ont purement et simplement remisé au garage, pourraient vouloir le revendre d’occasion, ce qui réduirait d’autant la demande sur le marché du neuf.

“Personne n’a de boule de cristal, bien sûr, mais je ne vois pas ce scénario se réaliser”, confie Johan Huygens. “La demande va peut-être se stabiliser en Belgique mais l’étranger recèle un potentiel d’exportations considérable.”

La raison de son optimisme? L’évolution de la mobilité dans les villes où la voiture est en perte de vitesse. Et la capacité du vélo électrique à “aplanir” les zones résidentielles plus accidentées. “Certains roulent ainsi à vélo dans des endroits où l’on n’en voyait jamais auparavant.”

Johan Huygens remarque enfin que certains cyclistes achètent un vélo électrique, améliorent leur condition physique puis s’offrent un second vélo “analogique”. Un phénomène nouveau. “Pour 2024, nous avons commandé 96.500 vélos”, conclut-il avec détermination.

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