Flambée des absences dues au variant Omicron

Auteur: L'Echo (03/02/2022)
Temps de lecture: 4min
Date de publication: 04/02/2022 - 16:30
Dernière mise à jour: 07/02/2022 - 15:47

Le variant Omicron continue de faire des dégâts dans les entreprises. Les absences sont encore en hausse, et le plan d'aide pour le remplacement des travailleurs traîne au parlement.

 

Le vote au parlement du plan pour aider les entreprises à pallier les absences dues à Omicron a été retardé d'une semaine alors que le manque de main d'œuvre commence à devenir critique : la FEB parle d'un taux d'absence trois fois supérieur à la normale. Prévu ce jeudi, le vote a été repoussé suite à la demande du PTB que le texte soit soumis à une deuxième lecture, une opération qualifiée au passage de flibusterie par la ministre flamande de l'Emploi Hilde Crevits. Le plan a beau être rétroactif, l'incertitude juridique d'un texte pourtant porté par la majorité freine les entreprises. De plus, il n'est valable que jusqu'au 28 février seulement, une date jugée serrée par l'Union wallonne des entreprises (UWE). "Dans certains secteurs, il faut compter une période d'apprentissage sur les machines", dit Olivier de Wasseige, administrateur délégué de l'UWE, qui n'exclut pas qu'il faille finalement prolonger le dispositif.

Le recours aux étudiants privilégié

Nombre d'entreprises préfèrent se limiter au recours aux étudiants et aux CDD pour boucher leurs trous, plutôt que d'activer les autres leviers (chômeurs temporaires, prépensionnés et pensionnés, travailleurs en congé thématique et crédit-temps). Le recours aux étudiants est en effet l'une des mesures les plus faciles et rapides à activer. En 2021, un tiers des PME y avaient déjà eu recours, d'après le secrétariat social Liantis. En Flandre, Hilde Crevits a d'ailleurs lancé un appel aux 270.000 étudiants du supérieur. Il a été freiné, à son grand dépit, par le blocage législatif actuel qui insécurise les étudiants et les empêche de se lancer.

Mais le recours aux jobistes a aussi ses limites. Dans les métiers plus techniques, l'industrie ou la chimie, les entreprises ont davantage besoin de travailleurs disposant d'une expertise et connaissant déjà bien les outils, c'est-à-dire les travailleurs en crédit temps, les chômeurs temporaires, les pensionnés.

Sur le terrain, les absences pour cause de quarantaine et maladie grimpent dangereusement. Le Voka signale que l'absentéisme a grimpé de 6% en janvier à 8% début février. Hans Martens, son administrateur délégué, déplore des abus, des travailleurs se signalant en maladie au lieu de quarantaine. "Les entreprises se retrouvent donc avec une double pleine. Non seulement elles manquent de main d'œuvre, mais elles doivent payer un salaire garanti, alors qu'en cas de quarantaine, le travailleur perçoit une indemnité de chômage temporaire."

 

Jusqu'à 35% d'absences dans l'horeca bruxellois

À Bruxelles, Olivier Willokx (Beci) constate aussi une forte augmentation des absences dues au covid. "On frôle les 10%, et jusqu'à 35% d'absences à certains endroits dans l'horeca", dit le responsable de Beci. Il pointe aussi une hausse des certificats de longue durée. "Dans les secteurs employant un personnel plus âgé, et plus féminin (grande distribution), on constate aussi un état de stress, fondé ou non, qui pousse aussi le personnel à rester chez lui et se mettre en congé maladie.."

 

Même son de cloche en Wallonie. En moyenne, le taux d'absences s'élève à 10-12%. "L'impact est le plus faible dans la construction, 4,5% d'absences, explique Olivier de Wasseige. Mais le gros problème, c'est que les entreprises touchées accusent des retards dans leurs livraisons de chantiers, et se retrouvent à payer des pénalités." Dans l'agroalimentaire, où l'absentéisme monte à 15%, on constate aussi une baisse de 8% de la production due aux absences. Chez Essentia, on a rapporté des taux grimpant jusqu'à 20%. Et dans l'intérim, et en particulier le secteur des titres services, on constate des pics à 30% d'absentéisme, menant à une baisse de l'activité de 60%.

 

 

Articles connexes