Le télétravail favorise la productivité. Et pourtant…

Auteur: Partena Professional (HR-service provider)
Temps de lecture: 3min
Date de publication: 27/02/2020 - 16:56
Dernière mise à jour: 29/08/2023 - 13:54

Les effets positifs du travail à domicile sont évidents, à condition que l'employé opte volontairement pour cette formule, ne subisse aucune pression et bénéficie d'une autonomie suffisante pour faciliter la transition professionnel/privé. C'est ce qui ressort de la recherche doctorale de Joni Delanoeije (HIVA/KU Leuven).

“Contrôler un collaborateur en télétravail revient à vouloir lâcher du lest sans y parvenir réellement. Pour autant, renoncer au contrôle demeure un défi pour les dirigeants d’entreprise.”

- Joni Delanoeije, chercheuse à l’HIVA/KU Leuven

Le télétravail est-il bon pour la productivité? “La réponse est nuancée”, répond Joni Delanoeije lorsque nous l'appelons pour une vérification factuelle. “Si le travail à domicile remplit certaines conditions, il a un effet positif évident sur l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée des employés, sans effet négatif sur la productivité.”

Une condition importante, selon ses recherches doctorales, est que l'employé apprécie de travailler à domicile. “Dans ce cas, il bénéficiera d'un meilleur équilibre entre vies professionnelle et privée. Or, nous savons que ce paramètre a lui-même un effet positif sur le rendement au travail. Donc oui, si un employé qui préfère travailler à domicile travaille effectivement à domicile, c'est positif pour les performances.”

Oppositions

À moins que cet employé ne subisse des pressions. Les recherches le démontrent: faire peser de telles pressions sur un salarié a un effet négatif sur son bien-être, l'équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée ainsi que ses performances au travail.

Cette pression peut provenir de l'environnement de travail, par exemple un collègue qui ne verrait pas votre absence d'un bon œil, mais aussi du foyer, notamment si votre conjoint n'apprécie guère que vous envahissiez le salon pour travailler.

Ou l'inverse: un conjoint qui pousserait pour que vous travailliez à domicile, ce qui vous permettrait d'aller rechercher les enfants à l'école ou de faire les courses. “Il est important que les employeurs soient attentifs à ces aspects lorsqu'ils élaborent une politique de travail à domicile, même s'ils n'ont évidemment pas la main sur tout”, déclare Joni Delanoeije.

Lire ses e-mails devant la télévision

Et puis il y a la “transition travail/vie privée”, c'est-à-dire le fait de passer d'un rôle à l'autre: donner un coup de fil privé depuis votre lieu de travail, faire votre lessive pendant une journée de travail à domicile, vérifier votre courrier professionnel devant la télévision le soir.

“Les études démontrent que l'effet est positif sur le bien-être de l'employé et sur l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Il n'y a pas d'effet négatif démontrable sur le rendement au travail.”

Contrôle

Joni Delanoeije livre une autre observation: ceux qui sont capables de gérer une occupation d'ordre privé pendant les heures de travail – et y sont autorisés – sont plus enclins à accomplir également une tâche professionnelle le soir. Non pas parce qu'ils doivent le faire, mais parce qu'ils le souhaitent.

Au passage, la chercheuse met en garde contre le contrôle des travailleurs à domicile, par exemple via la surveillance informatique. “Cette surveillance contrecarre l'effet positif qui accompagne la transition travail/privé.”

“Le contrôle revient à vouloir lâcher du lest sans y parvenir réellement”, conclut Joni Delanoeije. “Pour autant, renoncer au contrôle demeure un défi pour les dirigeants d’entreprise.”

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