Baku-Digital, la petite start-up qui augmente la réalité des grands

Auteur: L'Echo (23/12/2019)
Temps de lecture: 5min
Date de publication: 07/01/2020 - 15:52
Dernière mise à jour: 27/01/2020 - 14:15

Installée à Wavre, la start-up Baku-Digital s’est spécialisée dans la réalité augmentée. Ses clients s’appellent Guinness, Maped ou Skoda. Encore de petit taille, l’entreprise a dû faire sans le moindre soutien.

Le réseau social Snapchat en a fait l’une de ses principales armes: la réalité augmentée commence aujourd’hui à bien s’installer dans les smartphones. Mais la technologie ne sert pas qu’à se filmer avec des oreilles de lapin ou des lunettes de soleil, ajoutées numériquement sur son visage. Faire vivre une affiche, apporter du contenu vidéo, proposer une visualisation 3D d’un produit: les possibilités sont infinies. Baku-Digital, une start-up basée à Wavre, a fait de ce type de réalisation son business. Créée il y a trois ans, l’entreprise a développé une app appelée Admented. Sous forme de plateforme, elle permet à ses clients de créer eux-mêmes leur contenu en réalité augmentée.

"À la base, nous faisions une application pour chaque client", explique Arnaud Loir, le cofondateur de Baku-Digital. "On s’est rapidement rendu compte que les demandes des clients étaient globalement les mêmes et qu’il était donc possible de faire un outil où l’entreprise développe elle-même ses contenus", précise Arnaud Loir. Utile pour le développement des contenus AR, l’appli est aussi à télécharger gratuitement par l’utilisateur. Elle lui permettra ensuite de visionner le contenu, simplement en passant son téléphone devant l’image augmentée. "En trois ans, l’appli a été téléchargée plus de 20.000 fois. C’est un indicateur très utile pour les entreprises car il s’agit de marketing non agressif. Si un utilisateur prend la peine de télécharger l’app pour visionner un contenu complémentaire, c’est qu’il a un véritable intérêt", assure le cofondateur.

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Le chiffre d’affaires de l’entreprise pour l’an dernier n’était "que" de 100.000 euros. Mais à jeter un œil sur le portefeuille clients de la jeune entreprise, le potentiel de croissance semble bien réel. En seulement quelques années, la petite start-up est parvenue à convaincre des marques renommées à intégrer ses services. "Nous avons réalisé une campagne pour Guinness, nous travaillons aussi avec Thomas & Piron, Skoda,... ", énumère le fondateur, qui table également actuellement sur un projet avec bpost. "Nous avions un contact chez eux car nous avons réalisé notre travail de fin d’études là-bas. Le projet avait pas mal fonctionné et c’est d’ailleurs ce succès qui nous avait poussés à lancer la boîte un an plus tard."

L’entreprise vient également de signer un contrat avec Maped, la marque française de fournitures scolaires, parmi les leaders mondiaux du marché. "Pour ce genre de très gros clients, il nous arrive encore, à leur demande, de réaliser une appli propre à la marque, mais le principe reste le même qu’avec Admented".

Outre ce projet avec l’entreprise publique et le géant français, Baku-Digital espère aussi signer bientôt un important contrat avec une firme pharmaceutique. "Nous avons eu déjà de premiers contacts avec eux il y a plusieurs mois", précise le responsable de la start-up. "La collaboration porterait sur un de leurs médicaments dont la prise se fait à l’aide d’une seringue. L’idée est d’amener avec la réalité augmentée beaucoup plus d’informations que ce qu’il est possible de mettre sur la posologie. En scannant la boîte, on peut intégrer des données supplémentaires, dont la manière d’utiliser la seringue", explique encore Arnaud Loir.

Si l’intérêt grandit du côté commercial, l’entreprise a néanmoins dû se débrouiller seule pour l’aspect financier. "Nous sommes sur fonds propres depuis le début. Cela nous a permis d’avoir une croissance raisonnée et d’être rentables dès le début, même si on n’aurait pas été contre un soutien ou des subsides", explique le jeune homme. À ses débuts, il a d’ailleurs contacté Digital Wallonia, dont la réponse fut pour le moins surprenante.

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"Ils nous ont expliqué que la réalité augmentée ne faisait pas partie de leurs compétences et nous ont redirigés vers Wallimages", sourit un brin amer le fondateur, mail à l’appui. "On a évidemment été surpris. On s’est rendu chez Wallimages sans vraiment de conviction. Ils nous ont répondu qu’ils ne savaient pas vraiment pourquoi ils nous avaient réorientés chez eux et n’avaient pas de solution pour nous. C’est donc un peu frustrant mais d’un autre côté, pouvoir se dire que nous y sommes arrivés sans eux est encore plus gratifiant", sourit Arnaud Loir.

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