Startupeur ou repreneur? Que choisirez-vous?

Auteur: L'Echo (21/12/2019)
Temps de lecture: 6min
Date de publication: 07/01/2020 - 15:52
Dernière mise à jour: 27/01/2020 - 13:08

Repreneur ou startupeur, dans un monde en mutation perpétuelle, les deux alternatives sont tout aussi passionnantes. C’est votre capacité à partager une vision et fédérer vos équipes face aux changements qui vous permettra de réaliser votre ambition.

Si l’on considère l’âge du ou de la capitaine, il y aura un assez grand nombre de sociétés à reprendre dans les prochaines années. À l’heure où il est plus que tendance de lancer sa startup, il me semble utile de rappeler qu’il existe une alternative tout aussi passionnante et riche de ses similitudes et de ses différences du monde des startups.

Une différence fondamentale

Le premier jour de son entrée en jeu, le startupeur ne dispose ni d’équipe, ni de clients, ni de revenu et ne connaît pas encore son banquier.

Pour le repreneur, la machine roule un minimum. Il dispose d’une équipe, de clients, de fournisseurs et les banques disposent d’un historique de l’entreprise. On comprend pourquoi le pourcentage d’entreprises "reprises" encore existantes après trois ans est supérieur à celui des entreprises créées.

Toutefois, si vous pensez que reprendre une entreprise consiste à payer le prix; prendre les commandes et profiter d’une croissance légère pour financer votre retraite, vous risquez d’être déçu.

Il y a reprise et reprise

Il faut distinguer la reprise d’un commerce ou d’une très petite entreprise disposant d’un ou deux employés; la reprise d’une PME saine disposant d’une équipe de plus de 5 personnes; la reprise d’une entreprise en difficulté (PRJ, faillite…). Ici, nous nous focaliserons sur la reprise d’une PME saine.

L’art de choisir et valider son projet

Que vous choisissiez de reprendre une PME ou de lancer une startup, prenez le temps nécessaire pour sélectionner votre projet et tester les hypothèses qui détermineront la viabilité technique et économique de votre projet.

Si vous lancez votre startup, il existe une série de structures d’encadrement (incubateurs, startup studio…). Pour les reprises, la formation en 32h sur les enjeux de la reprise organisée par la Sowacess est excellente et il en est de même pour les initiatives du 1819 à Bruxelles.

Toutefois, on pourrait s’inspirer des "Search fund". Nés au milieu des années 1980 à Harvard et à Stanford, ils ont pour objectif de financer et encadrer les 6 à 24 mois de recherche, d’analyse et une partie substantielle du capital à investir pour permettre à un jeune talent de reprendre une entreprise plutôt que de devenir un salarié ou lancer une startup.

Anticiper et de gérer le changement en cours de route

"Fixing the plane while flying". Que vous soyez startupeur ou repreneur cette expression illustre les compétences et aptitudes que l’on exige aujourd’hui des managers.

À l’heure de la disruption, il est crucial de pouvoir anticiper le changement et de comprendre l’évolution des marchés. Il faut tenir compte du degré d’influence (positive ou négative) des facteurs politiques, économiques, sociologiques, technologiques, environnementaux et légaux sur l’avenir du secteur et de(s) marché(s) où évolue l’entreprise. Ce fameux modèle dit de P.E.S.T.E.L qui permet de déterminer la météo qui s’annonce sur mon marché.

Pour les startups, l’analyse de ces évolutions constitue souvent l’opportunité de lancer une offre "disruptive". Pour les candidats repreneurs, ces évolutions, parfois brutales, nécessitent des compétences en gestion du changement.

L’entrepreneur doit faire preuve d’agilité et être apte à remettre régulièrement en question les éléments clés de son business model. Pour ce faire, les entrepreneurs font de plus en plus usage du "Business model canvas" développé notre compatriote Yves Pigneur.

Sur la prise en main et l’art d’aligner les équipes

Considérant les nombreux facteurs clés de succès d’une entreprise, je suis de ceux qui pensent que c’est l’équipe qui fait la différence. Une équipe agile et alignée sur un but bien défini où chacun comprend en quoi l’autre complète son expertise est un critère déterminant du succès d’une entreprise.

En cette matière, il existe une différence fondamentale entre le métier d’un startupeur et celui d’un repreneur.

Le premier jour, le startupeur ne dispose de personne au sein de son équipe Toutefois, il a l’avantage de pouvoir la composer. De ce fait, il bénéficiera de la reconnaissance, la confiance et la loyauté de ceux qu’il aura engagés. Cet avantage ne sera pas négligeable quand il s’agira de gérer le changement.

L’autorité ne se décrète pas, elle se construit. C’est le défi du repreneur et c’est plus complexe. Comment établir le contact humain et poser les bases de la confiance? Comment fédérer l’équipe autour d’un projet commun? Comment susciter des améliorations dans le fonctionnement collectif au bénéfice de l’entreprise?

Repreneur ou startupeur, dans un monde en mutation perpétuelle, les deux alternatives sont tout aussi passionnantes. C’est votre capacité à partager une vision et fédérer vos équipes face aux changements qui vous permettra de réaliser votre ambition.

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