“Mais on oublie souvent la notion de ‘condition de carrière’, une nuance importante puisque demander sa pension anticipée est possible dès l’âge de 62 ans, moyennant 40 ans de carrière. Pour les longues carrières (démarrées avant l’âge de 20 ans, NDLR), on descend même à 60 ans.”
Vérifier le montant de sa pension
Depuis le 1er janvier 2021, le calcul de la pension est identique pour les indépendants et les salariés. Une correction qui sera directement visible sur la plateforme mypension.be. “Je conseille toujours de se connecter à cette plateforme afin de suivre de près la constitution de sa pension. En complément, le numéro 1765 de l’Inasti offre une réponse sur mesure aux indépendants. L’objectif est de vérifier si le calcul respecte bien tous les aspects de votre carrière et d’anticiper les modifications nécessaires.”
Plus techniquement, chaque année de travail est considérée comme une fraction de la carrière complète (14.040 jours), elle-même exprimée en “jours temps plein”. Daniel Binamé insiste au passage sur le principe d’unité de carrière: “Si vous avez travaillé plus longtemps, le calcul de votre pension se fera sur la base des jours qui rapportent le plus afin de maximiser votre pension.”
Racheter ses études
Bon à savoir: il est possible de booster votre pension en faisant assimiler certaines périodes d'études. On obtient alors une pension plus élevée, même si la démarche n’ouvre pas la possibilité d’anticiper son départ à la pension. “C’est le principe du rachat d’années d’études qui deviennent des périodes de travail. En d’autres termes, on réinjecte un peu d’ONSS dans sa carrière d’indépendant. Bien que le mécanisme soit payant, il peut s’avérer très intéressant pour la majorité des indépendants.”
Tous les indépendants l’ont compris: la pension légale (le premier pilier) ne sera pas suffisante pour conserver leur niveau de vie. Il faut donc se fixer des objectifs et actionner les bons outils pour les atteindre. Selon Daniel Binamé, la situation est très claire pour ce qui concerne la pension complémentaire (le deuxième pilier): “Le socle de base est la PLCI, la pension libre complémentaire pour indépendants. Retenons qu’elle offre des taux garantis et une déductibilité fiscale. En 2021, la formule est plafonnée à 3.302,77 euros par an. Un mécanisme à activer sans hésitation dès que l’indépendant démarre.”
EIP et CPTI
En société, l’indépendant peut compléter ce socle de base par un EIP, un engagement individuel de pension. “Cette épargne est déductible à 100% et bénéficie d’une particularité très intéressante: si les cotisations sont payées par la société, c’est l’assuré (l’indépendant, NDLR) qui en est le bénéficiaire. Cerise sur le gâteau: la réserve acquise peut être utilisée pour des investissements immobiliers.”
En personne physique, l’indépendant opte pour la CPTI, la convention de pension pour travailleurs indépendants. “Un outil comparable à l’EIP, valable pour les indépendants à titre principal ou complémentaire et les conjoints aidants. Sans oublier le Life Pension Plan de l’Inami pour les professions médicales, également cumulable avec une PLCI.”
Épargne-pension et épargne libre
Dans le troisième pilier, on retrouve l’épargne-pension. Elle offre un avantage fiscal jusqu’à 30% en fonction du montant. Last but not least, citons le quatrième pilier: l’épargne libre, soit les efforts personnels de l’indépendant. “Des mécanismes à prendre en considération mais qui demeurent des placements fiscaux non déductibles”, prévient Daniel Binamé. “Je conseille de les activer quand l’ensemble des autres options ont été prises, celles qui vous permettent d’optimiser vos revenus dès aujourd’hui. Tout est donc une question de séquençage.”