'On ne tisse pas de lien avec des messages Slack'

Auteur: Tom Palmaerts (Trendwatcher de Trendwolves)
Temps de lecture: 3min
Date de publication: 12/12/2019 - 16:40
Dernière mise à jour: 12/12/2019 - 16:46

Tom Palmaerts est trendwatcher et co-manager de Trendwolves. Son agence de marketing et de recherche étudie notamment les différences entre les babyboomers, la génération X, les millennials et la génération Z.

“Même si les millennials les plus âgés ont déjà 39 ans, ils sont encore souvent considérés comme des ‘jeunes’ dans les recherches sur le marché du travail. Leurs parents ont été exposés à d’innombrables stimuli: ils se sont éloignés de leur existence d’origine, ils ont commencé à voyager, à s’acheter de grandes villas et des voitures… Ils ont transmis ces stimuli à leurs enfants – cela explique le déferlement actuel de collaborateurs intimistes et rêveurs. Ils veulent tout combiner.”

Ambitions

Face à eux, on retrouve la génération Z, les moins de 30 ans. Autrement dit, les vrais “jeunes”. “Leurs parents n’ont pas eu autant de latitude économique”, pointe Tom Palmaerts. “Ils ont transmis un autre message à leurs rejetons: vous pouvez tout atteindre à condition de travailler. Cette génération est beaucoup plus individualiste et sceptique.”

Toutes ces générations doivent collaborer sur leur lieu de travail. “Et la génération Z arrive! Celle-ci se compose de travailleurs ambitieux mais dénués de respect pour la structure et la hiérarchie. Ils jugent leur patron selon ses compétences plutôt que son statut. Ils vont droit au but, sans s’en tenir aux canaux traditionnels. Les employeurs doivent apprendre à gérer ce qui leur apparaît comme une ‘bande de gamins arrogants’ qui se mêlent de tout. Il ne faut pas oublier que la génération Z a grandi en liberté. Leur réseau est virtuel. Ils connaissent des personnes qui partagent leur philosophie dans le monde entier, voient partout des exemples de réussite, y compris très loin.”

“Je crains qu’un grand nombre des membres de la génération Z traversent une première crise de la quarantaine dès l’âge de 25 ans.”

- Tom Palmaerts, trendwatcher de Trendwolves

“Ceux qui savent approcher la génération Z disposeront d’une équipe très passionnée. Revers de la médaille: vous devrez protéger ces jeunes contre eux-mêmes. Je crains que beaucoup d’entre eux traversent une première crise de la quarantaine dès l’âge de 25 ans! Pour ne pas les ‘brûler’, il est important d’écouter et de parler: tous les systèmes sont fermés le vendredi à 17 h, pas d’e-mail professionnel à 23 h. Le travail à domicile, c’est bien, mais pas aux dépens du travail d’équipe. On ne crée pas de lien avec des messages Slack.”

Brûlés à 25 ans

Comment aborder ces nouveaux profils? “En leur offrant des conditions technologiques optimales”, répond Tom Palmaerts. “Ils n’ont pas le réflexe analogique. Pourtant, le contact personnel n’a jamais été aussi important. Les membres de la génération Z ne travaillent pas pour vous mais avec vous. Ils préfèrent le coaching à une augmentation de salaire. L’empathie est la compétence ultime des managers. D’autant que l’activité des entreprises est plus diversifiée que jamais.”

Assistant social

La seconde observation de Tom Palmaerts concerne la crise du recrutement. “Le vieillissement contre le rajeunissement. Selon certaines études de la fédération des entreprises technologiques Agoria, chaque poste qui disparaît sera remplacé par 3,7 emplois. En outre, nous nous trouvons en pleine vague d’automatisation. Il est impossible de prévoir comment cela se terminera. En tout cas, les jeunes travailleurs devront faire preuve de flexibilité durant leur carrière. Il s’agit de continuer à leur donner l’envie de réaliser leurs ambitions. Tous les managers sont en quelque sorte voués à se transformer en assistants sociaux.”

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