Il faut revoir l'évolution des salaires, réclame le Conseil supérieur de l'emploi

Auteur: L'Echo (16/01/2020)
Temps de lecture: 4min
Date de publication: 17/01/2020 - 15:17
Dernière mise à jour: 27/05/2020 - 17:08

À 52,7%, le taux d’activité des 55 à 64 ans reste trop faible en Belgique. Pour le rapport annuel du Conseil supérieur de l’emploi (CSE), il faut revoir l’évolution des salaires durant la carrière et démanteler les voies de sortie anticipée du marché du travail.

Au cours des deux dernières décennies, le taux d’activité en Belgique s’est accru pour atteindre 68,6%. Une progression due en grande partie au recul de l’âge auquel les travailleurs quittent définitivement leur emploi.

Voyez plutôt! Entre 1999 et 2018, le taux d’activité des personnes âgées de 55 à 59 ans a affiché une hausse spectaculaire, passant de 40% à 71,5%. Sur la même période, une belle évolution a aussi été constatée chez les 60-64 ans, même si les résultats belges restent éloignés de la moyenne des pays voisins.

De quoi se réjouir pour le Conseil supérieur de l’emploi (CSE), qui rendait ce jeudi son rapport annuel? En partie seulement. S’il reconnaît que de bonnes mesures ont été prises pour maintenir les plus âgés au travail, il demande de poursuivre les réformes. En gros, pas question de s’arrêter en si bon chemin. Le vieillissement de la population l’impose, lance-t-il. En termes plus techniques: une amélioration du taux d’activité global passera inévitablement par un relèvement du taux dans la tranche des 55-64 ans.

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Ces constats posés, le CSE avance plusieurs recommandations. Ne tournons pas autour du pot: certaines d’entre elles promettent des échanges musclés entre les employeurs et les représentants des travailleurs.

En Belgique, le taux de recrutement des plus de 55 ans est plus faible que dans des pays comparables. Sur les douze derniers mois, à peine 3% des salariés issus de cette tranche d’âge ont été engagés.

Certains préjugés concernant les travailleurs âgés persistent, c’est un fait. Toutefois, le Conseil voit dans l’évolution des salaires un autre élément d’explication. Ce n’est pas un mystère: des entreprises rechignent parfois à engager des personnes plus expérimentées qui coûtent sensiblement plus cher du fait de leur ancienneté. Pour faire face à cet écueil, le CSE appelle les partenaires sociaux à "redéfinir le profil d’évolution des salaires au long de la carrière". En simplifiant, il suggère aux patrons et aux syndicats de se pencher sans tabou sur les systèmes de rémunération à l’ancienneté.

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Outre un travail sur cet aspect, le CSE plaide pour la poursuite du démantèlement des systèmes de sortie anticipée du marché du travail. En 2017, 27% environ des personnes âgées de 50 à 64 ans ont recouru à de tels dispositifs. Pour la majeure partie, il s’agissait de l’invalidité (10,8%) et des pensions anticipées (10%).

Or le régime d’invalidité, par exemple, n’est pas un dispositif de fin de carrière, mais un système destiné à assurer des revenus de remplacement aux personnes qui sont malades, rappelle le Conseil supérieur de l’emploi. Regrettant que cette possibilité soit détournée de sa fonction initiale, il demande un renforcement du contrôle – dites "gatekeeping" dans le jargon CSE – pour limiter les accès abusifs. "Seule la pension anticipée doit permettre aux salariés d’avoir une certaine flexibilité quant à leur âge de pension", insiste-t-il.

Restreindre les possibilités d’accès aux régimes de sortie anticipée et à l’invalidité ne suffit toutefois pas. Pour le Conseil, il faut également davantage mettre l’accent sur la faisabilité du travail, afin de maintenir ou de faire revenir des travailleurs âgés. L’aménagement du temps de travail et la possibilité de prester à temps partiel font partie des pistes avancées.

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