Entrepreneuriat féminin: changer le système

Pour Florence Blaimont, CEO du réseau d’entrepreneuses WoWo Community, les freins à l’entrepreneuriat féminin sont d’abord culturels.

Comment se porte l’entrepreneuriat féminin à vos yeux?

Comme d’autres observatrices, je constate qu’il souffre en ce moment. Aux défis que la crise énergétique pose à tous les entrepreneurs, s’ajoutent des difficultés spécifiques – et structurelles – pour les femmes. Je pense en particulier aux femmes entre 35 et 55 ans.

Pourquoi cette tranche d’âge?

Je vois de plus en plus de femmes dans la vingtaine qui se lancent. L’enthousiasme est là. Survient alors la maternité, qui est un frein énorme. Beaucoup d’entrepreneuses disparaissent alors, et plus encore aujourd’hui. Au final, la part de femmes chez les entrepreneurs paraît stagner à un tiers depuis 10 ans.

D’après une enquête, 65% des entrepreneuses croient devoir montrer plus d’autorité que les hommes pour arriver à leur but. Elles craignent même de n’être pas prises au sérieux par leurs employés en se comportant vraiment naturellement…

Cela démontre une fois de plus que les freins à l’entrepreneuriat sont avant tout culturels. Les femmes sont aussi moins prises au sérieux quand il s’agit de financer leur business. Même s’il est parfois alimenté de façon inconsciente, cet environnement peut mener à un insupportable complexe de l’imposteur chez les femmes.

Existe-t-il d’autres freins spécifiques à l’entrepreneuriat féminin?

Plus que les hommes, il me semble que beaucoup de femmes sont trop sur la retenue lorsqu’il s’agit de se mettre en avant pour prospecter, négocier des prix ou chercher des investisseurs.

Et qu’est-ce qui pousse celles qui se lancent malgré tout?

Nos membres sont d’abord motivées par la liberté qu’offre le fait d’être sa propre patronne. J’entends par là la liberté organisationnelle – on revient aux impératifs familiaux – mais aussi philosophique. Être entrepreneuse, c’est une garantie de pouvoir vivre selon ses propres idéaux, en suivant les valeurs qui sont les vôtres. Ce sont souvent des valeurs écologiques, de bienveillance, d’authenticité qu’elles n’ont pas connues en tant qu’employées.