Ce qu'on perd en arrêtant de travailler avant la pension

Auteur: L'Echo (21/11/2019)
Temps de lecture: 5min
Date de publication: 04/12/2019 - 09:24
Dernière mise à jour: 29/05/2020 - 14:45

Vous faites partie des 2/3 des Belges qui pensent décrocher avant l'âge de la pension légale? Quel serait l’impact d’un tel choix sur le montant de votre pension?

Alors que l’âge légal de la pension, actuellement fixé à 65 ans est censé passer à 67 ans en 2030, la majorité des Belges ne veut absolument pas travailler jusqu’à ses 65 ans et encore moins au-delà. C’est le constat qui ressort d’une étude que Securex a menée sur un échantillon de 1.502 répondants.

Personne n’est évidemment obligé de travailler jusqu’à l’âge de la pension ni même de la prépension. Mais ce choix n’est pas sans incidence sur le montant de la pension!

1. Vous prenez votre pension anticipée:

Attention, il y a des conditions à respecter. Depuis le 1er janvier 2019, il faut avoir 63 ans et 42 années de carrière (ou 60 ans avec 44 années de carrière ou encore 61 ans avec 43 ans de carrière) pour accéder à la pension anticipée. Vous devrez introduire une demande en ce sens un an avant la date de départ souhaitée.

2. Vous arrêtez de travailler n'importe quand: 

Rien ne vous empêche évidemment de raccrocher quand vous le souhaitez, sans attendre l’âge de la pension ou de la pension anticipée. Mais plus votre carrière est courte, moins votre pension sera élevée. Et surtout, vous devrez attendre d’avoir atteint l’âge de 65 ans avant de toucher votre pension. Cela suppose donc d’avoir des réserves financières suffisamment solides pour tenir le coup jusque-là. Il ne faut donc pas prendre cette décision à la légère!

Au moment où ils prennent leur pension, rares sont les travailleurs qui affichent une carrière complète (45 années). Même en ayant terminé ses études à 22 ans, ce qui à notre époque est relativement tôt, on ne comptabilisera que 43 années de carrière à l’âge de la pension. On percevra alors 43/45e de la pension légale.

En outre, celui qui affiche une carrière complète de 45 années n’a, en moyenne, effectivement presté que les 2/3, le reste étant constitué de périodes assimilées. Il s’agit des périodes au cours desquelles on n’a pas travaillé (maladie, invalidité, chômage, crédit-temps, etc.) mais qui comptent pour le calcul de la pension.

L’assimilation de certaines périodes se fait toutefois sur une base moins avantageuse, ce qui se répercute sur le montant de la pension. Pour les pensions qui prennent cours à partir du 1er janvier 2019, la deuxième période de chômage, par exemple, n’est plus assimilée sur la base de la rémunération effective avant la période assimilée, mais sur la base d’un salaire fictif limité (24.730,99 euros). L’assimilation de la 3e période de chômage est, elle, déjà rabotée depuis des années.

Si la pension à mi-temps n’a finalement pas été approuvée par le gouvernement sortant, il vous reste la possibilité de prendre un crédit-temps de fin de carrière. Vous pourrez ainsi lever le pied en douceur, en travaillant à mi-temps ou à 4/5e durant les dernières années de votre vie professionnelle.

Attention, il faut remplir certaines conditions. Cela ne sera toutefois possible que si vous avez déjà au moins 60 ans, 25 années de carrière en tant que salarié et minimum 24 mois d’ancienneté chez votre employeur…

Concrètement, vous toucherez la moitié ou 4/5e de votre salaire, ainsi qu’une allocation de l’Onem sur la base de laquelle vous continuerez à vous constituer des droits de pension. Lire aussi: Comment finir votre carrière en douceur?

"Je conseille vraiment à tous ceux qui sont tentés par la formule et qui y ont accès d’en profiter tant que c’est encore possible, car, dans le futur, les conditions d’accès risquent d’être plus compliquées, prédit Michel Wuyts, directeur de Fediplus, un organisme spécialisé dans la gestion des fins de carrière et des pensions. Il n’est pas sûr que lorsque l’âge légal de la pension passera à 67 ans, le crédit-temps de fin de carrière sera encore accessible à 60 ans… Il serait logique que le seuil d’accès à ce crédit-temps soit relevé 62 ans. La même logique devrait d’ailleurs s’appliquer à la pension anticipée."

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