Le développement durable pour les indépendants et professions libérales

Auteur: Julien Coppens (Sustainability consultant)
Temps de lecture: 7min
Date de publication: 27/06/2024 - 11:56
Dernière mise à jour: 09/07/2024 - 14:07

La notion de développement durable est souvent réduite à l’environnement, en particulier aux émissions de CO2 et au réchauffement climatique. Ce concept est cependant bien plus vaste et nous impacte au quotidien. Que l’on parle de voitures électriques, d’énergies renouvelables, des conditions de travail, d’égalité de traitement ou encore du burn-out, on parle de durabilité.

Mais alors, qu’est-ce que la durabilité ? Et est-ce que ça concerne les indépendants ?

La durabilité est partout

En 1987, un rapport de l’ONU définissait  le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs »

En 2015, les nations unies traduisaient ce concept en 17 Objectifs de Développement Durable (ODD – SDG) que les états devraient atteindre pour 2030 afin de rendre le monde plus durable. Ces objectifs sont regroupés dans les 3 piliers classiques de la durabilité que sont : les personnes, la planète et le profit. On y retrouve des objectifs tels que la lutte contre la faim et la pauvreté, le réchauffement climatique et ses conséquences, les inégalités ou encore les discriminations.

Une société durable est une société où les acteurs (entreprises, états, particuliers) intègrent une vision à long terme dans leur stratégie.

Au niveau de l’entreprise on parlera de stratégie ESG. Ici la durabilité consiste à gérer les impacts (les conséquences) de ses activités sur les personnes et l’environnement ET l’impact des changements environnementaux et/ou sociaux sur (la profitabilité de) ses activités. Le G concerne la gouvernance, soit la façon dont l’entreprise mène ses affaires (éthique) et l’importance qu’elle accorde aux questions de durabilité.

Un indépendant n’employant pas de personnel sera moins concerné par les impacts sociaux de ses activités (sur son personnel en tous cas), et s’attardera plus longuement sur son impact environnemental.

Concrètement, un jardinier qui utiliserait des produits toxiques pour désherber ne sera pas considéré comme durable, tout comme un agriculteur qui ne prendrait pas en compte les futures canicules dans le choix des variétés qu’il cultive.

La durabilité peut rapporter

  • Être durable pour être subsidié plus

    Cette année la Région Bruxelles Capitale a réformé son système d’aide aux entreprises. Outre une simplification annoncée, elle propose une majoration des subsides pouvant aller jusqu’à 45% de subsides supplémentaires pour les entreprises reconnues comme exemplaires sur le plan social et/ou environnemental.

    Cette reconnaissance peut être acquise de plus de 60 manières différentes, pour aider les entrepreneurs à s’y retrouver, la région a développé un guide :  https://economie-emploi.brussels/exemplarite-guide

  • Accéder à des marchés publics

    De plus en plus de pouvoirs publics insèrent des clauses sociales et/ou environnementales dans leurs marchés. Le fédéral a mis à disposition de ses entités un guide fournissant des recommandations par type de produit : https://guidedesachatsdurables.be/

  • Vendre grâce à la durabilité

    Les particuliers sont eux aussi de plus en plus attentifs aux produits qu’ils consomment et la façon dont ils sont produits. Ils recherchent des produits bio ou fairtrade ; souhaitent être informés sur les conditions dans lesquelles les produits sont fabriqués, leur consommation énergétique ou encore les modes de déplacement/livraison.

    Pour une entreprise, la durabilité est une opportunité de se différencier face à ses concurrents. Prenons l’exemple d’une esthéticienne qui proposerait des produits cosmétiques respectueux de l’environnement à ses clients, ou de l’épicier qui ne vendrait que des produits locaux.

  • Être durable aide les entreprises à accéder à des financements.

    De plus en plus d’investisseurs intègrent l’analyse des performances ESG dans leurs choix d’investissement. Les institutions bancaires quant à elles sont soumises à la taxonomie européenne, une directive qui les contraint à classer les activités (qu’elles financent) selon leur impact sur l’environnement. Etre durable permet aux entreprises d’accéder plus facilement à des capitaux, à des taux préférentiels dans le cadre par exemple d’investissements en matière de transition énergétique.

  • Des aides à la transition

    Chaque région du pays propose des aides aux entreprises désireuses d’aller vers plus de durabilité dans leurs activités (conseils pour améliorer l’impact social et/ou environnemental des entreprises, mobilité basses émissions, réduction des consommations énergétiques…). Ces aides peuvent prendre la forme de subsides, de prêt à taux préférentiels ou d’abattements fiscaux.

    https://energie.wallonie.be/fr/entreprises-independants-artisans-secteur-non-marchand.html?IDC=8178

    https://economie-emploi.brussels/prime-transition-investissements

La durabilité devient contraignante

Aujourd’hui les politiques publiques sont incitatives, elles récompensent les entreprises qui font des efforts afin d’accroitre leur durabilité. Cependant des mesures plus coercitives viennent d’être adoptées au niveau européen avec la CSRD, une directive européenne contraignant les (grandes) entreprises à faire rapport de leurs efforts et résultats en matière de durabilité.

Si cette directive concerne principalement les grandes et moyennes entreprises, celles-ci seront obligées d’analyser leurs impacts sur toute leur chaine de valeur. Les plus petites entreprises et indépendants qui les fournissent sont donc concernés.

Pour les sous-traitant d’une plus grande entreprise, le plus simple est de demander à son client quelle est sa stratégie ESG/en matière de durabilité, et si elle les concerne.

Pour aller plus loin

Pour les entrepreneurs désireux d’entamer une réflexion sur la durabilité, un outil de diagnostic gratuit est mis à leur disposition :  https://sustainability-diagnostic.hub.brussels/

La Wallonie met un outil gratuit à disposition des petites entreprises et indépendant. Cet outil est utile pour se faire une première idée mais la réalisation d'un bilan carbone est une opération relativement technique. Les données et résultats varient en fonction de nombreux facteurs. Il est donc recommandé de faire appel à un expert pour obtenir une image précise des émissions d'une société en particulier.

 

Julien, Sustainability consultant

À propos de l'auteur

Julien Coppens, Sustainability consultant

 

Fort de 19 ans d'expérience en tant que dirigeant d’une entreprise sociale et circulaire de plus de 450 employés à temps plein, Julien Coppens est un expert qui accompagne les entrepreneurs dans la réflexion stratégique et la mise en place de solutions visant à optimiser l'impact social et environnemental de leur entreprise tout en préservant leur rentabilité.

Articles connexes